C’est une maladie de notre époque de ne pas se souvenir, dans les Évangiles, que de ce qui nous montre un Dieu « beaucoup brave », comme on dit en Provence. Au point de penser parfois que le Dieu de l’Ancien Testament semble ne pas être le même, lui qui n’hésite pas à menacer, à punir ou à envoyer son peuple en guerre. C’est que notre mémoire sélective est habituée, à notre époque d’abondance et de bien-être, à ne retenir que ce qui nous fait du bien et nous procure une « énergie positive », pour reprendre l’un des hochets du New Age. Notre prière peut être une supplique à Dieu.

Qui dit supplique dit prière pour obtenir quelque chose qui ne va pas de soi, forcément. On demande à Dieu de ne pas nous abandonner, de ne pas s’éloigner, de ne pas nous crier dessus, de ne pas nous châtier. Qu’est-ce à dire que ceci ? Dieu pourrait-il faire des choses semblables, lui qui est si gentil ? Ah mais c’est qu’on oublie une immense partie des Évangiles, si on pense que Dieu ne fait que des promesses de bisounours.

Tout le monde se souvient des Béatitudes, n’est-ce pas ? Heureux les pauvres, tout ça. Mais qui se souvient de la suite chez saint Luc ? Malheur à vous, les riches… malheur à ceux qui sont repus, qui rient maintenant, malheur si tous les hommes disent du bien de vous ? Qui se souvient de toutes les fois où Jésus nous met en garde contre la géhenne de feu, nous parle de portes du royaume de Dieu fermées pour certains, nous montre Dieu en train de dire : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges ?

Alors il ne s’agit pas de vivre dans la terreur de Dieu, ça n’aurait aucun sens, puisque Dieu est amour. Mais vivre dans la peur du péché, et en particulier des conséquences de ceux que l’on commet soi-même, ce n’est pas délirant. Bien au contraire. Dieu ne s’éloigne pas de nous, mais nous pouvons nous éloigner de lui. Il envoie sa grâce, mais encore faut-il l’accepter.

Revenons à Dieu de bon cœur, et implorons son pardon pour vivre en paix, dans son amour, dès aujourd’hui.                                               

                                                                             Abbé Fabrice Chatelain  Revue Parole et Prière