Prier avec l’introït cf. Is 66,10-11 ; Ps 121,1)
Réjouis-toi, Jérusalem ! Vous tous qui l’aimez, rassemblez-vous ; soyez dans le bonheur et la joie, vous qui étiez dans la tristesse ; oui, soyez pleins d’allégresse et, en son sein, venez puiser à satiété votre consolation. Je me suis réjoui quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » Gloire au Père.
Nous sommes aujourd’hui au dimanche dit de Laetare, « réjouis-toi », ce nom lui venant directement, nous le voyons, de l’introït. L’introït, justement, parlons-en. Il est habituellement plutôt extrait des psaumes, mais pas aujourd’hui. En effet, pour une fois, il nous vient du livre d’Isaïe ou plutôt, devrait-on dire, du livre du troisième Isaïe, recueil composite dont la date d’écriture est imprécise, mais qui de toute façon se situe après le retour à Jérusalem du peuple déporté à Babylone. Pourquoi est-ce important ? Parce que ça explique le ton festif que nous trouvons ici. De même que le peuple revient à Jérusalem, nous entrevoyons le retour à la Jérusalem céleste, au paradis dont les portes s’ouvriront à nouveau bientôt avec la résurrection du Christ.
Le temps de l’épreuve est bientôt fini, le temps de la consolation arrive, bientôt le jeûne et la pénitence ne seront plus qu’un souvenir. Chaque dimanche est comme une bouffée d’air que nous prenons avant de replonger la tête dans l’eau du Carême, puisque le dimanche ne fait pas partie du Carême : on ne peut pas jeûner au jour de la résurrection du Christ, quel que soit le temps liturgique dans lequel nous nous trouvons. Aujourd’hui, non seulement nous prenons une bouffée d’air, mais nous entrevoyons déjà le but, le royaume du Père vers lequel nous nous dirigeons, la raison d’être de nos efforts de retour vers la volonté de Dieu. Aucune pénitence, dans l’Église, n’existe par amour de la douleur ou de l’effort.
L’unique raison d’être de la pénitence, c’est de nous éloigner du péché ; de réparer les conséquences de nos manques d’amour ; et enfin de revenir à Dieu de tout notre cœur, au début dans les larmes, mais à terme dans le bonheur et la joie. Réjouis-toi, Jérusalem ! Tes fils et tes filles reviennent à toi, porte-les dans tes bras afin qu’ils aient la force de ne pas renoncer en chemin !
Abbé Fabrice Chatelain
Revue Parole et Prière