Est-ce que Jésus ne met pas la barre un peu (trop) haut ?
N’a-t-il pas une ambition démesurée pour ses disciples et les pauvres humains que nous sommes ?
Au regard de l’histoire de l’Eglise depuis qu’il l’a quittée, la question mérite d’être posée et la réponse qui s’impose est très probablement « Oui ». Il a manifestement vu trop grand pour nous. Il en attend trop de nous.
Allons-nous pour autant baisser les bras, nous résigner à nos faiblesses, à nos turpitudes, essayer de faire du mieux que nous pouvons sans nous faire beaucoup d’illusions sur le résultat, quand nous sommes invités à donner le meilleur de nous-mêmes, à faire de l’unité notre priorité pastorale parce que la foi et l’avenir du monde en dépendent ?
Comment rendre notre annonce de Jésus-Christ crédible si nous offrons au monde le spectacle de nos querelles de clocher, de pouvoir, de nos divisions. Nous ne sommes tous que les humbles serviteurs d’un Maître qui a été au milieu de nous le Serviteur par excellence en donnant sa vie pour ses amis.
Rappelons-nous son ultime message, son testament, au cours du dernier repas qu’il partageait avec les siens quand il leur a lavé les pieds et partagé le pain et le vin, signe de sa vie donnée, de son sang versé, pour eux et pour la multitude. Il leur avait annoncé qu’en-dehors de lui ils ne pouvaient rien faire.
La troisième apparition de Jésus ressuscité à ses disciples au bord du lac de Galilée le vérifiait encore. Les disciples partis à la pêche ont passé la nuit sans rien prendre. Mais au petit matin, ils reconnaissent la voix du Maître et jettent le filet de l’autre côté.
Laissons-le nous interpeller, nous bousculer sur le rivage de nos vies où nous avons souvent l’impression de nous fatiguer pour rien, remettons-le au cœur de nos existences personnelles, familiales, paroissiales.
Changeons nos vieilles habitudes. Ne nous obstinons pas dans nos vieux schémas. Obéissons à ce que le Seigneur attend de nous en vérité, et nous ferons des disciples.
A quelques encablures de la Pentecôte, demandons-lui de nous indiquer où et comment nous trouverons des disciples. Prions-le de nous inonder de son Esprit-Saint pour que nous puissions offrir au monde le visage d’une famille unie et réconciliée afin que le monde croie qu’il est l’Envoyé.
Que l’on puisse dire de nous aujourd’hui comme les gens l’ont dit des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ».
« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on saura que vous êtes mes disciples » leur avait dit Jésus.
Jean-Pierre SCHMITT, prêtre coopérateur