L’une des façons de vivre en aimant son prochain comme soi-même, c’est de s’unir, à temps et à contretemps, aux peines et aux joies des autres. Le reproche que faisait Jésus à sa génération est oublié : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ! Nous avons entonné un chant funèbre, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine ! (Mt 11,17). Une solidarité nouvelle est née avec la résurrection du Christ, qui nous a rappelé que nous sommes tous appelés à une même espérance, à un même royaume de Dieu, et à suivre un guide qui est le même pour tous : Jésus Christ, le chemin, la vérité et la vie. Ainsi, désormais, les joies des uns sont partagées par tous, mais aussi les malheurs.

Peut-être que, ce matin, nous sommes de bonne humeur, et que tout va bien pour nous. Et pourtant, nous unissons, nos voix à ceux qui sont pauvres et malheureux, et qui en appellent à la pitié du Seigneur. Et le peuple de Dieu est la solution de bonté, de douceur et de miséricorde que Jésus envoie à ceux qui crient vers lui. Donnez-leur vous-mêmes à manger, dira-t-il aux disciples lors de la multiplication des pains. Béni soit Dieu […] qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit, dira saint Paul aux Corinthiens (2Co 1,4s.). Un membre du corps mystique du Christ ne peut être triste sans que tous soient tristes, ne peut être joyeux sans que tous se réjouissent. Il n’y a plus de place pour la jalousie, l’envie ou l’égocentrisme.

Dépouillons-nous de l’homme ancien, et revêtons-nous de l’homme nouveau, qui a pour tous une même bienveillance et une même charité. Soyons unis, comme le Père est uni au Fils et le Fils au Père, comme le Christ est en nous et nous dans le Christ. Portons les fardeaux les uns des autres, et ne manquons pas de prier aujourd’hui pour tous ceux qui souffrent loin de Dieu.

Abbé Fabrice Chatelain
Revue Parole et Prière