Il aura suffi de quelques jours pour qu’une foule, chauffée à blanc par les pharisiens, demande la crucifixion de Celui qu’elle acclamait hier encore comme son Roi. Curieux destin que celui de ce Nazaréen que Pierre affirmera ne pas connaître avant de reconnaître après la Pentecôte que « partout où il passait, il faisait le bien. »
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour en arriver là ? Comment expliquer un tel retournement de situation ? Son avenir était pourtant tout tracé : « monter sur le trône de David pour un règne qui n’aurait pas de fin. »
L’état de grâce aura été de courte durée, à l’image de celui de nos candidats à l’élection présidentielle, accueillis par des « standing ovations » lors de leurs meetings, par des virées folles dans les rues à grand renfort de klaxons pour saluer leur victoire le soir de l’élection, et vilipendés quelques semaines plus tard parce que les résultats ne sont pas au rendez-vous, parce que les promesses n’ont pas été tenues.
Mais Jésus, lui, ne mange pas de ce pain- là. Il ne s’est jamais laissé griser par le succès. Il ne sait que trop ce qu’il y a dans le cœur de l’homme et se méfie des emballements médiatiques. Les réseaux sociaux, très peu pour lui. Il n’y a que les disciples qui prennent la mesure des propos de leur maître et lui tournent les talons, les uns après les autres. Aujourd’hui Il entre à Jérusalem, monté sur un âne, sous les « Viva » de la foule.
Un signal fort de celui qui nous indique un autre chemin que celui du pouvoir, une autre manière de faire de la politique. Avec lui, ce n’est pas la folie des grandeurs, les grandes ambitions d’un « ego » surdimensionné.
C’est tout le contraire. « Il prend la condition de Serviteur et se fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix », nous dit l’apôtre Paul ce dimanche. Voilà de quoi en interpeller plus d’un et l’apôtre Paul n’est pas des moindres.
Et c’est précisément cette fidélité et cette confiance absolue en Dieu qui lui vaudront d’être exalté.
Cloué sur une croix, certes, mais porté aux nues, à la droite de Dieu son Père par Dieu lui-même et non par les hommes à titre posthume.
Voilà jusqu’où se dit sa Passion pour Dieu. Il savait qu’il ne serait pas confondu. Sa Passion pour son peuple en acceptant d’être le Corps livré pour lui et pour la multitude, que son sang versé soit celui d’une Alliance nouvelle et éternelle, celle dont Dieu rêve depuis toujours. A la suite de Jésus et à son exemple, soyons les humbles serviteurs de Dieu et du bonheur de nos frères. C’est le plus sûr chemin pour espérer partager sa gloire, la gloire de Pâques.
Bonne semaine sainte à vous tous et toutes.
Jean-Pierre S., votre prêtre coopérateur.