Ce que l’on appelle le paradis, le royaume des Cieux chez saint Matthieu ou le royaume de Dieu chez les autres évangélistes, on l’appelle aussi la vision béatifique.

En effet, le paradis, c’est être en présence de Dieu et le voir face à face, parce que le voile qui cachait le Saint des Saints dans le temple a été déchiré par la mort et la résurrection du Christ. L’enfer, c’est la privation de cette vision, et non se retrouver dans un chaudron à se faire picorer le derrière par la fourche d’un diablotin, comme notre imagination se plaît à le représenter.

Dans l’Ancien Testament, voir Dieu, c’est mortel : l’homme ne peut me voir et vivre, dit le Seigneur à Moïse sur la montagne (Ex 33,20). Mais lorsque les temps furent favorables, Dieu s’est habilement dissimulé sous les traits d’un humble menuisier à Nazareth. Et Jésus, lui, on peut le voir, et plus encore : ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie […], nous vous l’annonçons (1Jn 1,1-3). La plupart des gens n’ont vu qu’un homme, mais Pierre, Jacques et Jean, lors de la transfiguration, ont vu au-delà des apparences de la chair. Et ils nous ont transmis cette vision, que tout chrétien est, comme le psalmiste, invité à rechercher lui-même. Nous voulons voir Dieu et, en vérité, nous le voyons, non seulement chaque fois que nous contemplons Jésus crucifié, mais aussi chaque fois que nous voyons le Saint-Sacrement. Là encore, Dieu se dissimule, mais il est pourtant bel et bien présent : c’est lui qui est au milieu de nous, nous pouvons le voir face à face et, plus encore, le manger et le recevoir en nous.

Comme les œuvres de Dieu sont admirables ! Il fut un temps où seulement demander à voir la face de Dieu semblait être une folie, et nous vivons dans un temps où nous pouvons non seulement le voir, mais aussi entrer en communion, sacramentelle certes, mais réelle, avec lui !

Dieu est au milieu de nous.

Réjouissons-nous, il ne détourne pas de nous sa face !