Aujourd’hui, place à la violence, à la haine, à la dégradation, aux grèves et autres blocages. Hier c’était la liesse pour acclamer celui qui allait être le sauveur du pays. Aujourd’hui, changement de décor et d’époque : c’est la liesse populaire pour faire un triomphe à Celui qui vient au nom du Seigneur comme le digne successeur de David, même monté sur un âne ! Dans quelques jours, même cause, mêmes effets. La haine d’une foule, dirigée contre le même homme, va avoir raison de son sort, attisée cette fois par les pharisiens, ceux d’hier et d’aujourd’hui, avec la complicité du pouvoir. Ce dimanche qui ouvre la grande semaine sainte porte bien son nom : Dimanche des rameaux et de la passion, tant les deux sont intimement liés.

                       On ne s’explique pas un tel retournement de situation, sinon par la facilité avec laquelle une foule peut retourner sa veste en se laissant galvaniser par des slogans bien ciselés, percutants, contre lesquels les résultats engrangés ne pèsent pas lourd. Le principal intéressé ne se fait d’ailleurs aucune illusion sur un peuple qui l’adule un jour et le vilipende le lendemain. Il va jusqu’au bout, non par obstination ni par orgueil, mais par fidélité à une mission confiée par un autre, par le Tout-Autre qu’il ose appeler son Père. Chaque matin sa Parole le réveille. Et il ne se dérobe pas. Il encaisse les outrages et les crachats. La force et la crédibilité de son message sont à ce prix, jusqu’au cri sur la croix : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? »

                       Mais ne nous y trompons pas, la « vox populi » n’est pas la « vox dei » et le silence de Dieu ne présage en rien de son impuissance ni de son inexistence. Dieu parle quand « tout est accompli !», c’est-à-dire au matin de Pâques. Il fera parler les pierres des tombeaux et suscitera des enfants à Abraham. Le rideau du temple sera déchiré. L’heure du réveil aura sonné, et quel réveil !

                      Préparons-nous, durant cette semaine sainte, à manifester, non pas à coup de slogans et de grands cris, mais dans la joie et dans la paix, notre bonheur de nous savoir déjà ressuscités en Christ. Préparons-nous à manifester notre reconnaissance à ce Dieu pour ses merveilles accomplies en son Fils et en son Corps qu’est l’Eglise. Aujourd’hui encore elle supporte les outrages et les crachats, se voit couronnée d’épines, doute, mais continue à garder sa confiance en Christ parce qu’il l’a fondée sur les saints apôtres. Il leur a dit qu’il serait avec eux, tous les jours, jusqu’à la fin des temps, et que les puissances du démon ne l’emporteront pas sur elle.

BONNE SEMAINE SAINTE & JOYEUSES FÊTES DE PÂQUES

JEAN-PIERRE SCHMITT, PRETRE COOPERATEUR