Lorsque l’apôtre Paul dit : « Faites connaître vos demandes auprès de Dieu » (Ph 4,6), cela ne veut pas dire qu’on les fait connaître à Dieu, car il les connaissait avant même qu’elles existent, mais que c’est par la patience et la persévérance devant Dieu, et non par le bavardage devant les hommes, que nous connaîtrons si nos prières sont bonnes…
Il n’est donc pas défendu et inutile de prier longtemps, lorsque c’est possible, c’est-à- dire lorsque cela n’empêche pas d’autres occupations bonnes et nécessaires ; d’ailleurs, en accomplissant celles-ci, on doit toujours prier par le désir, comme je l’ai dit.

Car si l’on prie longtemps, ce n’est pas, comme certains le pensent, une prière de rabâchage (Mt 6,7).
Parler abondamment est une chose, aimer longuement en est une autre.
Car il est écrit que le Seigneur lui- même « passa la nuit en prière »
et qu’il « priait avec plus d’insistance » (Lc 22,44).

N’a-t-il pas voulu nous donner l’exemple en priant pour nous dans le temps, lui qui avec son Père exauce nos prières dans l’éternité ?
On dit que les moines d’Égypte font des prières fréquentes, mais très courtes, lancées comme des flèches, pour éviter que, en se prolongeant trop, l’attention vigilante nécessaire à ceux qui prient ne se détende et se dissipe…
La prière ne doit pas comporter beaucoup de paroles, mais beaucoup de supplication ; ainsi elle peut se prolonger dans une attention fervente.
Prier beaucoup, c’est frapper longtemps et de tout notre cœur à la porte de celui que nous prions (Lc 11,5s).
La prière en effet consiste plus dans des gémissements et des larmes, que dans des discours et des paroles.

Saint Augustin (354-430)

Lettre 130 à Proba, sur la prière, 9-10 (trad. cf. bréviaire 29e lun.)