(Prier avec l’introït Cf. Ps 30,3-4.2)

Sois pour moi le Dieu qui me protège et me sert de refuge, afin de me sauver.
Car ma force et mon refuge, c’est toi, et à cause de ton Nom, tu seras mon guide et tu me nourriras. En toi, Seigneur, j’ai mis mon espoir, que jamais je ne sois confondu ; dans ta justice, délivre-moi. Gloire au Père.
On trouve dans le début de l’introït du jour quelque chose qui évoque le rapport de l’humanité à Dieu dans les religions que l’on peut considérer désormais comme primitives, sans que ça soit un terme insultant.
Avant la médecine, la science, la Sécurité sociale, la retraite ou tout ce qui peut nous protéger à notre époque, il n’y avait guère d’autre refuge que Dieu, ou que les dieux. Il était donc essentiel d’avoir avec le monde supérieur de bonnes relations, à base de sacrifices, d’offrandes, de prières et autres signes d’allégeance.
Aujourd’hui, cette relation autrefois naturelle avec le monde surnaturel peut nous sembler obsolète, ou en tout cas moins importante qu’elle ne l’était dans le monde antique. Et pourtant elle demeure essentielle, parce que si nous avons toute sorte d’assurances qui nous aident en cas de problèmes, nous sommes cependant tout aussi mortels qu’il y a deux, cinq ou dix mille ans. L’introït nous rappelle que nous avons toujours besoin de Dieu et de son salut, tout simplement parce que nous ne sommes pas des dieux nous-mêmes. Nous ne sommes pas venus au monde par notre propre volonté, et nous en serons retirés de la même façon, que nous soyons d’accord ou pas.
Nous avons donc véritablement besoin de Dieu, qui seul peut nous donner la vie éternelle qui lui appartient. Si Dieu est venu parmi nous en choisissant le nom de Jésus, qui signifie « Dieu sauve », ce n’est pas un hasard. Lui seul peut nous sauver, lui seul est notre refuge, et pas seulement devant la mort, mais au temps de toute détresse. Nous sommes sauvés par l’invocation du nom de Jésus, et il ne s’agit pas juste d’une misérable survie, mais de vivre éternellement dans l’abondance, la santé et la force.

Notre relation à Dieu n’est pas totalement désintéressée, mais il n’y a aucune honte à cela : reconnaître que Dieu est Dieu, et que lui seul peut nous sauver, c’est tout sauf égocentrique.

Abbé Fabrice Chatelain
Revue Parole et Prière