« Moi, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu ».
Après les anges de Noël, après les mages venus d’Orient, après la manifestation de Dieu lui-même au jour du baptême de Jésus, voilà que chacun de nous est invité à prendre la suite de Jean pour témoigner de ce qu’il a vu.
C’est, pour moi, le sens de ce temps ordinaire que nous avons retrouvé cette semaine. Le temps de Noël est derrière nous ; nous voici de retour à l’ordinaire d’une vie, marchant déjà vers Pâques, cœur de la foi chrétienne.
Ce dimanche que nous vivons nous surprend alors à la jonction de ces deux temps et semble à la fois vouloir continuer encore un peu le précédent et malgré tout opérer une rupture radicale. Il n’y a rien de miraculeux, rien d’extraordinaire dans l’Évangile, sinon un homme qui témoigne au sujet d’un autre homme, et dont il affirme qu’il est le Fils de Dieu.
Jean le Baptiste semble rester fidèle à son image d’illuminé en parlant ainsi, parce que, sur les bords du Jourdain, il est sans doute le seul à tenir pareil discours, Jésus n’étant pour l’heure encore qu’un inconnu.
« Moi, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu ».
Qu’est-ce qui permet à Jean le Baptiste de tenir pareil discours ? D’abord ce qu’il a lui-même vu et entendu.
Il a vu un homme lui demander le baptême alors qu’il n’en avait nul besoin. Et il a surtout vu à ce moment-là ce que nous rapportait l’Évangile du lundi dernier (fête du baptême du Seigneur) : l’Esprit Saint est descendu du ciel et est demeuré sur cet inconnu.
D’autres l’ont-ils vu ? Nous n’en saurons jamais rien. Mais c’est bien là toute la puissance du témoignage : nul besoin d’avoir vu pour croire ce que dit quelqu’un ; il suffit que celui qui parle soit digne de foi. Rappelons-nous les paroles de Jésus à Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu » Jean 20, 29.
Et la manière de vivre de Jean le Baptiste, ainsi que les foules nombreuses qui viennent à lui pour recevoir son baptême, atteste qu’il est digne de foi.
« Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu ».
Après les fêtes de Noël où nous avons accueilli et adoré l’Enfant de la crèche, vient le moment où nous devons nous prononcer, d’abord pour nous-mêmes : qui est celui-là qui parle et agit ainsi ? Mais aussi pour les autres : celui-là qui parle et agit ainsi est-il venu juste pour moi ou a-t-il quelque chose à dire à tous les hommes ? Est-il intéressant de le connaître ? Notre vie s’en trouve-t-elle transformée ? Pour Jean le Baptiste qui est digne de confiance et de foi, nul doute à ce sujet.
A nous maintenant de marcher derrière Jésus, comme Jean lui-même nous y invite ; à nous de nous faire une idée ou de l’expérimenter dans une relation vraie pour ensuite témoigner devant tous en disant : « c’est lui le Fils de Dieu ».
Oui, nous sommes tous des témoins privilégiés de Jésus. Puissions-nous chacun et chacune vivre une telle expérience ; puissions-nous être saisis par le Christ et nous laisser libérer par lui.

PERE SYLVAIN BOKO