Le Christ est illuminé par le baptême, resplendissons avec lui ; il est plongé dans l’eau, descendons avec lui pour remonter avec lui. Jean est en train de baptiser et Jésus s’approche : peut-être pour sanctifier celui qui va le baptiser ; certainement pour ensevelir tout entier le vieil Adam au fond de l’eau. Mais avant cela et en vue de cela, il sanctifie le Jourdain. Et comme il est esprit et chair, il veut pouvoir initier par l’eau et par l’Esprit. Voici Jésus qui remonte hors de l’eau. En effet, il porte le monde ; il le fait monter avec lui. « Il voit les cieux se déchirer et s’ouvrir » (Mc 1,10), alors qu’Adam les avait fermés pour lui et sa descendance, quand il a été expulsé du paradis que défendait l’épée de feu. Alors l’Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature. Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l’apparence d’une colombe, elle honore le corps, puisque Dieu, en se montrant sous une apparence corporelle, divinise aussi le corps. C’est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge (Gn 8,11). Pour nous, honorons aujourd’hui le baptême du Christ, et célébrons cette fête de façon irréprochable. Soyez entièrement purifiés, et purifiez-vous encore. Car rien ne donne à Dieu autant de joie que le redressement et le salut de l’homme : c’est à cela que tendent tout ce discours et tout ce mystère. Soyez « comme des sources de lumière dans le monde » (Ph 2,15), une force vitale pour les autres hommes. Comme des lumières parfaites secondant la grande Lumière, soyez initiés à la vie de lumière qui est au ciel ; soyez illuminés avec plus de clarté et d’éclat par la sainte Trinité.
Saint Grégoire de Nazianze (330-390)
Homélie 39, pour la fête des Lumières ; PG 36, 349 (Livre des jours – Office romain des lectures, trad. P. Roguet, Le Cerf – Desclée de Brouwer – Desclée – Mame, © AELF Paris, 1976 ; Baptême du Seigneur)