Durant le Carême, l’interjection Alléluia !, qui signifie « Béni soit Dieu ! », avait disparu de la liturgie latine. C’est en effet une expression de joie, et on n’a pas tellement envie d’être joyeux quand on est dans la pénitence. Il y a un temps pour tout, et la liturgie nous entraîne, au-delà de notre vie personnelle, dans la grande geste de l’histoire de Dieu avec l’humanité, nous invitant parfois à nous réjouir, parfois à pleurer. C’est que tout semblait perdu et, là, Dieu est intervenu, d’une façon que personne n’avait vue auparavant, avec une puissance à laquelle personne ne croyait plus. Après la crucifixion, les disciples qui ont eu le courage d’y assister sont repartis abattus de tristesse, totalement vidés, en état de choc. Tout ça pour ça ! Trois ans de leur vie à suivre celui qu’ils pensaient être le Messie, et voilà qu’il est mort comme un brigand. Alors bien sûr, après la résurrection, une fois passée la sidération et l’incrédulité, leur joie n’a plus de limite ! C’était bien le Messie, ils ne s’étaient pas trompés finalement ! Et Dieu prend réellement soin de ceux qui ont mis en lui leur foi, il ne les déçoit pas. L’image qui représentait l’étonnement, avant que ce mot ne s’affadisse, c’était celle de l’homme qui a pris la foudre ou l’a vue tomber à deux pas de lui : il était étonné. Autant dire que quand on dit étonnantes tes œuvres, Seigneur ! il ne s’agit pas juste d’un vague haussement de paupières, mais bel et bien d’un choc exceptionnel, qui a secoué ceux qui en ont été témoins au plus profond de leur être. Saisissons-nous de cette joie, nous aussi. Laissons-nous pénétrer de la grandeur de Dieu.Il a bien fait toute chose, alléluia, alléluia, alléluia !
Abbé Fabrice Chatelain
Revue Parole et Prière