La prière du pèlerin russe, « Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, pitié pour moi, pécheur », représente un exemple de prière parfaite. Tout y est : on y reconnaît qui est Jésus et quelle est sa place, puis qui nous sommes, quelle est la nôtre, et quel est le juste rapport entre nous. On fait appel à Dieu, non seulement pour demander qu’il nous sauve, ce qui est déjà très bien parce qu’on reconnaît que lui seul peut nous sauver, mais aussi pour qu’il nous comble de joie, affirmant que nous comptons sur lui pour faire notre bonheur.
Cette idée est préfigurée dans l’Ancien Testament, accomplie dans le Nouveau par Jésus Christ : c’est en Dieu que se trouvent notre salut et notre joie. Après, bien sûr, il reste à en être convaincus, et ça ne va pas autant de soi que l’on pourrait le penser. Mettons-nous l’espérance de notre salut seulement en Dieu, vraiment ? N’avons-nous pas des idoles ou, pour prendre un terme plus moderne, des valeurs, qui prennent sa place, en vrai ? Le travail, l’argent, la santé ou le bien-être, par exemple ? Pouvons-nous affirmer sans baisser les yeux que nous attendons toute joie du Seigneur ? Ne la recherchons-nous pas par des chemins détournés, dans la nourriture, la sexualité libérée de toute morale, les distractions ou les vacances ? Et puis, pour être honnêtes, est-ce si vrai que ça que nous trouvons notre joie dans la pratique de notre religion, dans la rencontre communautaire avec Dieu, dans la liturgie, les sacrements et les prières ?
Si nous vivions parfaitement ce que Dieu nous propose, nous n’aurions pas besoin de prières pour nous rappeler ce qu’il nous demande. Essayons de mettre nos cœurs au diapason de cette idée : aujourd’hui, élevons notre âme vers Dieu pour attendre de lui, et seulement de lui, notre salut et notre joie.
Abbé Fabrice Chatelain
Revue Parole et Prière